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Souvenirs dans le Tournaisis,
de mon ami
René Lesire, 92 ans et d'autres
Si comme
René et ses ami(e)s, vous avez des choses à
ajouter ici, contactez moi via : Eddy
Attention
tout ce que vous pourrez lire ci dessous reste la
propriété intellectuelle de René Lesire, aucune
copie n'est permise et ne peut être exploitée d'aucune
façon.
1940, l'évacuation.
En mai 40, le 17 ou 18, le centre ville a été
incendié par des bombardiers bimoteurs. Il fallait donc fuir ce
gigantesque brasier.
Ma trottinette à gros pneus ballons, chargée de ma
valisette en carton contenant mon bien le plus précieux, le
manège en mécanoTrix que j'étais en train de
monter, me voilà parti avec maman ( papa, cheminot, devant
rejoindre Coxide ).
Nous sommes allés à Wiers, village de mon enfance en
pensant que nous y serions bien accueillis loin de l'enfer qui
rougissait le ciel au loin.
Hélas, les wiesrsiens, poussés par la peur des
Allemands fuirent aussi et nous dûment suivre aussi le
mouvement.
Il faut savoir que Wiers est on ne peut plus frontalier, où que
vous sortiez de village vous êtes en France: Rouillon, Mortagne,
Flines, Chateau-l'Abbayes, Hergnies. Le village était
peuplé de travailleurs frontaliers
rémunérés en francs francais. Ceci explique que
fuir en France n'était pas tout à fait l'exode;
nous étions à l'aise en France.
Nous sortons par Mortagne, ensuite la route au Sud. Je me
souviens être passé à Seclin. Nous avons dormi
à la belle étoile,
dans la paille d'une ferme. Plus loin, nous nous sommes reposés
une bonne heure dans un grand café. J'ai ouvert ma valise pour
bricoler mon mécano.
Le jour suivant nous nous sommes arrêtés à
une très grande ferme au logis majestueux; passé un grand
portail, nous avons été accueillis par la fermière
qui offrait un grand bol de soupe à tous les passants. Je
revois cette cuisinière et ce chaudron fumant.
Or, pendant que nous buvions notre soupe un coup de canon a retenti
à l'extérieur. Un cheval mort gisait sur la
chaussée, un grand trou dans la tête, sans doute d'un obus
tiré par un chasseur bombardier Stuka.
Délicieuse soupe
qui nous a épargné un sort funeste! à quelques minutes près, le cheval c'était nous!
La cohorte poursuit son cheminement. Nous sommes maintenant
intégrés à un groupe compact de Tournaisiens dans
lequel je reconnais des visages de voisins et d'autres qui ne me sont
pas inconnus. Halte repos dans un large fossé à sec.
Soudain, un combat d'avions; on distingue clairement le tac tac des
mitrailleuses. Un avion est abattu, l'épave vient vers nous,
elle nous rase presque.
Nous nous aplatissons au fond du fossé croyant notre
dernière heure venue. L'avion se fracasse au-delà du bois.
Nous voici en tête de colonne. Avisant un petit bois bois
suivi d'une clairière où il ferait bon s'asseoir une
heurette, nous tournons à droite... et les moutons de Panurge
nous suivent docilement, mais réalisent vite qu'il fallait
suivre la route.
Un cycliste bizarre, ayant une caisse en bois sur son
vélo, est poursuivi par des soldats Français qui le
lardent de coups de fusils.
On voyait des espions partout !
Béthune n'est plus très loin, on dit que les
Allemands y arrivent. Et puis, à Saint Pol c'est l'enfer. Maman
prend alors une décision heureuse, celle de faire demi-tour et
d'aller à Hellemmes chez l'oncle Maurice. Nous fendons la
foule en marche ainsi à contre sens ! Nous voici seuls sur
une route déserte. Nous entrons à Lille où il n'y
a pas âme qui vive. Passé le grand pont qui enjambe les
voies du chemin fer, nous voici à Hellemmes chez l'oncle Maurice
( parti à Boulogne, nous l'avons su plus tard ). La maison est
occupée par mes grand-parents paternels ayant fui Tournai. On
entend le canon allemand qui se rapproche. Les Anglais sont
fiévreux,
sur le départ. Un matin, un jeune homme vient nous dire que les
Allemands sont arrivés, qu'ils sont pacifiques, qu'ils sont
allés au magasin et ont payé leurs achats avec des
marks.
Nous décidons donc de retourner chez nous; Lille Tournai
à pied, ça ne fait que 4 heures ! Nous croisons
l'invincible armée allemande, les impressionnants chars à
bancs half track remorquant d'énormes canons. Les soldats sont
pleins d'amabilité: ils nous jettent des chocolats, des pains
d'épices, que nous expédions au fossé d'un coup de
pied. Dame, on nous avait dit qu'ils étaient empoisonnés;
c'était une légende mais comment expliquer la gentillesse
de gens qui, trois semaines plus tôt, nous bombardaient et nous
mitraillaient ?
Il est midi, nous sommes à Tournai. Je cours en avant
pour découvrir que la rue des Augustins est intacte, que la
maison est debout.
1940, l'occupation .
Fin mai, début juin 40, c'est le début de l'occupation:
couvre-feu à 22 heures et occultation des portes et
fenêtres. Des voisins ont trouvé dans leur grenier, au
fond d'une malle de vieux vêtements, une bombe incendière
intacte. Un Allemand est venu l'enlever; il avait l'air de porter une
cruche à lait. Peur rétrospective, la rue des Augustins
aurait pu flamber elle aussi !
L'organisation Todt ( uniforme Kaki avec brassard rouge
à croix gammée ) s'est installée au
collège. Ils récupèrent des piéces d'avions
abattus. 4 prisonniers Français font la cuisine. Ils sont libres
d'aller et de venir; ils nous rendent visite de temps en temps. Un jour
ils nous présentent un copain en uniforme Todt. Cet Allemand
nous dit, en bon français " ça va être comme
à l'autre guerre, 4 ans et les boches sont foutus ! ". Cet
homme habitant des régions rédimées, était
soldat belge prisonnier un mois plus tôt.
Je rencontre mes 4 Francais qui se promènent du
côté du Jardin de la Reine. Je leur demande pourquoi ils ne
retournent pas en France, une bonne heure à pied, c'est si
simple. Ils ne veulent pas ou n'osent pas. Ils ont tort, ainsi que
le montrera l'épisode suivant.
1940, retour de Dunquerke.
En juin@ juillet 40, j'ai vu des Francais capturés dans la poche
de Dunkerque venir
à pied de la chaussée de Lille. Les plus jeunes disaient,
joyeux, qu'ils avaient été à Malo les Bains.
Certains essayaient de fumer de l'herbe séchée
émiettée, le gardien allemand disait, goguenard, "
Prima Tabak ", ce soldat débonnaire m'expliquait dans son jargon
que les Français étaient des kamarades mais que les Anglais étaient des ennemis.
Devant tourner à droite pour monter le boulevard Bara (direction
Allemagne), j'espère pour eux qu'ils n'ont pas dû marcher jusqu'au Stalag... Beaucoup coupaient court par le coin de la plaine des manoeuvres et y abandonnaient leurs casques dont ils avaient
ôté l'insigne ! Explications possibles:
Soldats Francais et soldats Belges avaient le même casque mais
l'insigne était différent, soit un lion pour les Belges
et une grenade pour les Francais. Façon de critiquer un peu plus
la capitulation du roi Léopold ou alors
lâcheté des soldats Francais !!
Fin août, sous les grands arbres du boulevard Bara
étaient réunies les voitures
réquisitionnées. Elles portaient une étiquette
" gekauft " ( acheté ). Il y avait tous les modèles,
dont certains déjà anciens. 2 ou 3 luxueuses
américaines sont remarquables.
Nous les retrouverons 3 ans plus tard bariolées en camouflage
brun-vert et même équipées de 2 énormes
cuves gazogènes.
1940, c'est l'école.
En septembre 40, c'est la rentrée des classes, j'entre en
sixième année. Nous vivons à l'heure allemande que
nous avons d'ailleurs adoptée en 1977.... Adieu pain blanc, huile,
chocolats, même les pommes de terre sont rares, sans parler du
charbon. On élève des lapins même en ville. Ne
circulent que des vélos aux pneus rapiécés,
quelques rares camionnettes surmontées de bonbonnes de gaz,
quelques camions équipés au gazogène. Grande
nouveauté, des scouters éléctriques !! Je n'en ai
jamais vu que 2 à la fois.
L'évolution de la guerre se lit dans le
décor: quand ils avaient la maitrise du ciel, les Allemands se
contentaient d'un matériel gris pierre, couleurs qui changeront
en 1943 pour passer au camouflage vert-brun. Les vélos ne
pouvaient laisser passer qu'une fente de lumière.
1941, la ville martyre.
Je n'ai pas décrit le nouveau visage de notre ville
martyre. Les occupants installent la Komandantur au grand hôtel de la
Cathédrale, place des Acacias ( Place Paul Emile Janson )
Tout le centre ville est jonché de ruines. Les
fermiers des alentours ont été
réquistionnés avec leurs grands chariots et leurs
tomberaux pour évacuer les ruines, notamment dans les
près de Maire. Faire ainsi table rase a pris toute
l'année 1941. Les piétons créent des raccourcis
dans les ruines, à l'image des sentiers de la campagne.
1942, à Melles.
En Aout 42, les galopins du quartier m'ont vanté des vacances de
rêve à Melles, Maman a approuvé se disant qu'elle
aussi aurait des vacances! .
En fait, il s'agissait d'un home pour enfants
débiles, c'est-à-dire frappés de
débilité physique due à la mal nutrition.
Les
pensionnaires étaient âgés de 8 à 12 ans. Cependant,
faisant bande à part, quelques élèves semblaient
nettement plus âgés( au moins 15 ans). Ils contaient fleurette
aux filles auxiliaires d'Anne-Marie Rounaud, patriote courageuse qui
avait imaginé ces
" vacances de rêve " pour camouffler la
présence d'enfants juifs.
J'y ai pris le dégoût de la tomate, servie tous les
jours en sauce pour camoufler les pommes de terre fibreuses. Un jour,
ayant contracté une forte fièvre inexplicable ( je
délirais, persuadé que j'allais être
trépané ! ) L'on m'a isolé à l'infirmerie
où je dévorais un livre de cuisine, seule lecture
disponible. Quel régal de manger par coeur. Une petite servante
flamande de mon âge venait me voir de temps en temps, c'était ma
seule compagnie et nous nous sentions bien à nous deux.... Ainsi
naquit une connivence, un trouble charmant et inconnu
jusqu'alors. J'allais avoir 13 ans en septembre et je quittais
l'enfance à mon insu !!
1942, la grand place.
En 42, on construit au centre de la grand place une coquette cité
commerciale. Ce sont des maisonnettes en briques, sans étage,
uniquement un étalage, louées aux commerçants du
centre. On a pu voir la foire de septembre s'installer sur le
pourtour, c'est à dire sur les ruines. Par ci par là, sur
les ruines, il y a aussi de tout petits magasins fait d'une douzaine de
plaques de béton, Grand Place,
rue des Chapeliers, rue de
Courtrai, rue du Cygne, rue de l'Yser, j'en oublie sûrement beaucoup.
Le café " Le Carillon " était le seul
bâtiment intact de la Grand Place, on chuchote qu'il à
été épargné parce qu'il était le
local du parti rexiste ! En vérité cet immeuble n'a pas
flambé parce que de construction avec des poutres en
béton.
Je revois à droite du Beffroi une affiche
publicitaire géante représentant un combattant allemand
brandissant une grenade à manche, sur son casque un petit
drapeau belge. La légende est : " Tu défends la Belgique
en luttant au front de l'Est, viens à la SS division
blindée Wallonie "
Un des combattants, revenu en permission, refuse de
retourner en Russie. Il se cache chez sa grand mère, dans la
maison du Béguinage qui vient en 2021 d'obtenir un prix pour la
rénovation exemplaire. Alfred Rechser et ses sbires ont
tôt fait de le débusquer.
Il retournera en Russie et en
reviendra avec la croix de fer.
1942, construction d'abris.
Construction
des
abris anti-aériens par l'entrepreneur "Leturcq", je vois
encore les abris en face de l'hôpital civil, devant la grosse tour,
devant Don Bosco, devant la gare. J'ai été
marqué par la construction de celui de la terrasse de la
Madeleine, en effet, en creusant le trou, des tombes ont
été mises à jours et
détruites, je revois encore des gamins jouer à la balle avec
des
crânes humains.
1943, alerte.
Début 43, le ciel était plein de bombardiers
quadrimoteurs qui volaient vers l'Allemagne, protégés par
des chasseurs qui volaient autour des gros avions comme des chiens
autour d'un troupeau de moutons. La sirène du Beffroi sonnait
l'alerte mais personne ne s'en souciait puisque les escadrilles
ne faisaient que passer, ils vont en Allemagne rendre à la
Luftwaffe la monnaie de sa pièce.
1943, tram et train.
En 1943, le chemin de fer était devenu
infréquentable : 6 heures pour aller à Bruxelles, alertes
sans conséquences, mais forçant le train à
s'arrêter, voies détériorées, ponts
branlants, pannes de locomotives, etc etc ..
Pour aller à Péruwelz, le tram à
vapeur était moins dangereux, plus régulier.
J'étais avec mon papa en face de l'ancienne poste, dans un
groupe qui attendait le tram; venant du pont Morel arrive un
groupe d'Allemands marchant au pas et en chantant. Parvenu à
notre hauteur le groupe se disloque et nous entoure, fusils
braqués sur nous, vérification des identités. Il y
a eu plusieurs arrestations.
1943, secours d'hiver.
En 43, rue Faucquez, à gauche il y avait le cercle
militaire qui fut jadis un cinéma. Pendant la guerre c'est devenu
un réfectoire avec des grandes tables et des bancs, on y servait
les gouters des Secours d'Hiver, institution charitable qui essayait de
pallier la sous alimentation. Par dérision on l'appelait "
Secours d'Hitler "
Les gouters se composaient d'une assiette de flocon
d'avoine, porridge, semoule de riz et d'un bâton de massepain.
J'y allais justement pour ce délicieux massepain qui valait bien un chocolat !
1944, Bombardement de la gare.
Le
10 mai 44,
bombardement de la gare de Tournai, triste anniversaire, les bimoteurs
Martin Marauder visent la gare mais en s'écartant pour
éviter les tirs de la Flak, lâchent leurs bombes de 500
livres de part et d'autre de leur cible. Bilan une centaine de morts,
comme 4 ans plus tôt.
Daniel et son copain Jean jouaient près du pont
Delwart rive gauche, ils ont vu sur la rive droite, des wagons de
chemin de fer sauter en l'air comme des fétus de paille. Daniel
précise " nous étions à plat ventre, devant mes
yeux un minuscule insecte à qui je parle :
" toi tu vas survivre, moi je meurs ".
1944, Vlassov, général Ukrainien, mit ses troupes à la disposition de la Vehrmacht .
En 1944 j'ai assisté à un bien curieux défilé rue de la Madeleine.
Depuis le Floc à Brebis, je voyais marcher au pas des soldats de la Wehrmacht d'un aspect tout à fait inattendu.
Ils vennaient du rond point et se dirigeaient vers le centre ville. Il
y avait en tout 5 ou 6 pelotons d'environ une cinquantaine de soldats
non casqués, coiffés d'un bérêt casquette.
En tête de chaque peloton marchait un garçonnet, petit
soldat.
Ces groupes chantaient en choeur une mélopée russe bien
plus humaine que le prétentieux " Horst Wessel Lied ", ou
même le guttural " Alli Allo Alla ".
A intervalles réguliers le groupe se taisait et le chant était repris a cappella par une seule voix.
Ces soldats marchaient d'un pas lent, solennel, tout le contraire du pas de l'oie germanique.
Je n'ai trouvé à ce jour personne de mon âge qui se
souvienne de ce spectacle, pourtant je ne l'ai pas rêvé.
Il y a peu, une jeune passionné d'histoire militaire, Maxime
Delcampe, a retrouvé la trace de la présence en
1942,
à l'école de Passy ( aujourd'hui Saint Luc ) de Russes
auxquels on donnait une instruction militaire pour en faire des soldats
de la Wehrmacht.
Merci Monsieur Delcampe, je n'avais pas rêvé, j'avais 14 ans en ce temps là.
1944, aux abris.
En
mai 1944, dans les caves du collège des Jésuites, dans un
long couloir façon métro, les habitants de la rue des
Augustins se réfugiaient pendant les bombardements
américains. Nous étions assis sur des bancs longeant les
murs.
Le père Reumont, vieux briscard de 14/18 nous assurait que ce
n'était que du bruit. Pourtant, quand une déflagration a
fait trembler les murs et claquer nos tympans, il nous a donné
une absolution collective, moment extrêmement poignant.
1944, le Liberator de la Marmite.
En
juillet 1944, un
avion quadrimoteur liberator tombe sur le terrain de la
Marmite à Tournai, il a été
touché
par la DCA, l'équipage est sain et sauf mais
certains seront
prisonniers, j'ai pu voir cet avion au sol mais
de loin, il était gardé par des militaires.
1944, la libération.
Ce mois d'aout 44 n'a pas été très beau. Le
temps est souvent couvert. La température faiblit. De larges
éclaircies viennent quand même nous rappeler que c'est
encore l'été, dont la fin sera pour nous le dernier mois de
l'occupation.
Elle aura duré 4 ans, 3 mois et 12 jours.
Les évènements et anecdotes de cette
année 1944 seraient nombreux à conter. Certains sont
malheureusement oubliés. En cette fin d'année 44 venait
pour moi le temps de l'adolescence, j'avais 14 ans et 11 mois,
l'âge idéal pour observer la marche du monde et la
mémoriser. L'époque était riche en
évènements exceptionnels. Sans le savoir vraiment, nous
vécûmes une des années les plus passionnantes de
notre vie.
Les agents de la gestapo qui logeaient au 41
rue des Augustins partirent vers le 15 août. A peu près
à la même date le sinistre adjudant Alfred Rechsler et
ses sbires disparurent du couvent du boulevard Léopold
transformé en prison, en emmenant leurs derniers prisonniers. La
ville se vidait peu à peu de ses occupants allemands.
C'étaient les signes évidents de l'approche des
alliés. Ces dix derniers jours d'août allaient nous offrir
le spectacle d'une armée en déroute.
Le quartier semble avoir cessé toute
activité. On vit presque en vase clos. Enfants que nous sommes
encore, nous ne réalisons pas que la libération est
proche. Depuis le débarquement du 6 juin l'attente
s'éternise. Nous continuons nos grandes vacances, les plus
longues et plus pleines de notres existence. L'attitude des adultes est
toute différente. Ils sont préoccupés, sans cesse
sur le qui-vive,
prudents et inquiets, redoutant l'imprévisible.
Les soldats de la Luftwaffe quittent l'école
de la porte de Lille le 28 août. Le mardi, des camions
déposent sur le boulevard, à hauteur de la rue des
Augustins, des caisses de bois pleines de munitions, de pots
fumigènes et des cartouches argentées contenant des
fusées éclairantes. Les ayant ouvertes
délicatement, nous y avons trouvé de petits parachutes de
soie blanche qui nous ont amusés quelques instants.
Dans l'après midi, un état major
quitte précipitamment une grosse maison bourgeoise en face de
Don Bosco, au rez de chaussée, les ordonnances brûlent des
papterasses et on trie le stric nécessaire à emporter. A
la Werbestelle ( mot redoutable signifiant " bureau de placement " ),
rue Saint Jacques les bouts de papiers enflammés sortent par les
cheminées. Là aussi on fait le ménage avant le
grand départ.
Un peu plus tard, face à l'école
d'horticulture, sur le terre plein, à l'ombre des platanes,
arrive un petit convoi de quelques camions, parmi lesquels deux
vedettes amphibies, sortes de grosses barques à 4 roues. Il y a
là, bien dissimulés sous les frondaisons, une
cinquantaine d'hommes parmi lesquels rôdent les gamins curieux.
J'en profite pour parler à ces gens, car je viens de
découvrir le pouvoir quasi magique que constitue la
possibilité de m'exprimer en allemand, appris à
l'école Bara. J'apprends ainsi que ces hommes viennent de
Saint-Nazaire. Le capitaine est un jeune homme, en slip, assis sur une
chaisse de cuisine, prenant un bain de pieds dans un bassin en fer,
spectacle peu martial ! Ils repartent le lendemain matin.
Le mercredi 30, en fin d'après midi, une colonne
de camions arrivant de la chaussée de Lille descent le boulevard.
Les camions, précédés de motocyclistes, sont
couverts de branchages, et des soldats à la mine patibulaire sont
debout sur les marchepieds, mitraillettes sous le bras. Ils
paraissaient exténués, traqués, prêt
à tout. Nous ne réalisons le danger de ces guerriers
aux abois que lorsque les adultes nous le font remarquer.
A la nuit tombante arrivent au collège des
Jésuites de gros camions de l'Organisation Todt. L'uniforme kaki
change du vert- gris habituel. Il sont pacifiques et leurs serviteurs
sont des prisonniers russes qu'ils ne semblent pas maltraiter, ces
miséreux ont sans doute travaillé, en vain, au mur de
l'Atlantique.
Le jeudi 31, en fin de matinée, départ de
l'Organisation Todt, qui abandonne aux bons soins des pères
Jésuites ses prisonniers, qui seront discrètement
cachés. Un Focke Wulf " gros nez " rase les toits dans un bruit
d'enfer; depuis des mois aucun avion allemand n'était apparu
dans notre ciel. Nous pouvons identifier les avions, la connaissance
du matériel nous passionne, modélisme et revues
spécialisées, tel l'hebdomadaire " Adler " nous ont
renseignés sur tout.
Le matin du vendredi 1° septembre, surgissent rue des
Augustins deux soldats sanglés dans un uniforme impeccable,
fusil à l'épaule. De près, je remarque leur
faciès mongoloïde, ce sont deux déserteurs de
l'armée Vlassov. Ils me font comprendre dans qu'ils
cherchent à se rendre. Je les confie aux pères
Jésuites, qui vont s'efforcer de les tenir séparés
des autres Russes, les " bons ".
Le temps maussade pour la saison, gris,
coupé de faibles éclaircies, augmente encore en ce 1°
septembre l'inquiétude, l'angoisse,
la peur qui règne
dans les rues désertées, aux magasins fermés.
Seuls quelques égarés animent ce décor sinistre.
Deux soldats débraillés, sans casque, au pas
incertain, descendent la rue Perdue, poussant un vélo
chargé de leurs sacs. Ils parraissent très excités.
Sans trop les regarder, je hâte le pas et m'éclipse. Qui
étaient ces soldats perdus, solitaires ? des SS peut-être
?
La sirène du beffroi qui, depuis 4 ans, s'obstine à
sonner l'alerte à contretemps, quand les avions sont
passés ou les bombes tombées,
est muette comme si elle prenait enfin conscience de l'inutilité de ses rugissements.
Samedi 2 septembre, un soleil pâle est au
rendez-vous. Germain Deron prend le frais sur le pas de la porte de son
oncle
rue des Augustins, l'air vaguement inquiet. Je le croyais en Allemagne,
alors qu'il se cachait depuis des mois à deux pas de chez lui.
Au boulevard, des Allemands ont abandonné
4 tractions avant Citroën hors d'état de rouler.
Voitures superbes, dont deux bariolées en camouflage vert-brun.
Les soldats-clochards continuent à descendre de la
chaussée de Lille, par petits groupes clairsemés,
à pied ou juchés sur des charrettes et tombereaux
tirés par des chevaux, le tout réquisitionnéau
hasard des routes.
Porte de Lille, un soldat sans casque ni arme, se voulant
amical, distribue le contenu de son paquet de cigarettes,
des "Mélachrinos égyptiennes ", aplaties, en
répétant " Offizier limousine ". Il attend manifestement
que quelqu'un lui propose une planque où se constituer
prisonnier. Ne recueillant pas de réaction, il poursuit sa route
en remâchant sa déception.
Vers 11 heures, un officier en Kubelwagen vient bouter le
feu à une caisse d'obus de calibre 88, abandonné face
à l'impasse de la rue Claquedent, puis s'enfuit à vive
allure. L'incendie meurt spontanément, ou grâce à
l'intervention des frères Sansjoie, ferrailleurs de leur
état. Récupérateurs intrépides , ils
n'hésitent pas frapper chaque obus sur le tronc d'un platane,
afin d'enlever la pointe, vider la poudre et garder les belles douilles
en cuivre.
Commence alors une récupération des fils
électriques de l'éclairage des poteaux indicateurs
allemands, opération mercantile qui peut passer pour un sabotage
patriotique de dernière minute. Ce " haut fait " est
contrarié par l'arrivée, du bas du boulevard, de deux
Feldgendarmes, armés de pied en cap, en imperméable
camouflé, mitraillette sur le ventre, poussant une moto side-car
en panne d'essence sans doute. Tout le monde prend la fuite.
Une rumeur fantastique circule, " ils ( les
Américains ) sont au Pic-au- vent ! ". Victor V... , petit
kollabo notoire, tiré à quatre épingles,
portant feutre dur, erre sur le boulevard et me répète
tristement " ils arrivent ". Je n'aimerais pas être dans sa peau.
Les drapeaux belges apparaissent aux fenêtres Porte de Lille, ce
qui terrorise les fuyards, qui fouettent leurs chevaux pour fuir au
plus vite cette ville qu'ils imaginent encerclée.
Les deux Feldgendarmes, abandonnant leur moto inutile,
s'emparent d'un vélo posé sur la façade de la
boulangerie Marquette au coin du boulevard et de la rue des Augustins.
La cycliste, jeune fille frêle, sort du magasin et pleurniche en
réclament son vélo. Un vélo pour deux
n'étant guère utile, les voleurs le lui rendent et
poursuivent à pied leur montée du boulevard. Soudain, des
coups de feux claquent. Ce sont trois résistants, embusqués dans le porche de
l'église Sainte-Marguerite. Les Feldgendarmes s'allongent dans
le jardinet de l'école des filles et ripostent avec leurs
mitraillettes. Dès cet instant, on ne verra plus passer de
fuyards pacifiques. Tous tireront force coups de feu sans arrêt pour se
frayer un passage vers une liberté hypothétique.
Il est dix-sept heures. Edouard M... hisse le drapeau belge
au sommet de la haute tour de répartition des lignes
téléphoniques au bas de la rue des Augustins. En
même temps, des résistants mitraillent le drapeau
belge que Victor V... ( le petit kolabo ) a eu l'impudence d'arborer,
sans doute croyant ainsi se dédouaner.
A Tournai Ouest, les 3 et 4 septembre 1944.
Le boulevard et les rues se vident de leurs badauds. Le
danger est partout, les coups de feu claquent et crépitent
à qui mieux mieux . La prudence commande de se réfugier
dans les caves. Comme nous en avions pris l'habitude lors des
bombardements de mai, nous nous installons dans l'entre-sol du
collège, en compagnie de nos voisins et faisons le gros dos en
attendant la fin du carnage.
Aux approches de la nuit, après des explosions et
des coups de canon qui nous semblent relativement proches, le silence
se fait tout à coup. Chacun regagne ses pénates dans
l'espoir d'une nuit plus calme. Nous dormons quelques heures et ,
surprise, vers sept heures, un grand cri " ils sont là ! ".
J'apperçois au boulevard une guimbarde qui ressemble
à celle de Tintin au Congo, c'est une jeep bachée
conduite par des Américains coiffés de grands casques qui
ne me parraissaient pas bien différents de ceux des Allemands.
Il faut dire que j'imaginais l'arrivée des Anglais avec leurs
casques en forme de plat à barbe comme au temps de Jeanne
d'Arc!.
Ces soldats américains sont fatigués, peu
communicatifs, dame, ils font le coup de feu, ce n'est pas une partie
de plaisir.
A la place de Lille, des Américains, juchés
sur de grosses autos blindées, lampent des verres d'alcool que
leur servent des habitants du quartier. Je me demande comment ils s'y
prennent pour conserver leur sang-froid. J'ai appris par la suite que
cette troupe se faisait appeler " Hell on Wheels " ( l'enfer sur roues).
Au coin de la rue Frinoise et du Floc à brebis,
j'essaie de converser avec un Américain, un bruit de mitailleuse
se rapprochant, venant de la rue St Jacques, l'Americain me plaque au
mur, en fait autant, nous abritant ainsi des balles perdues. Je saurai
par la suite qu'il s'agissait d'un semi-chenilles allemand qui ira sur
les quais et explosera au Pont des Roulages. En 1947,
l'épave rouillée était encore sur place.
Plus tard, vers le millieu de la matinée, arrivent
les Anglais venus de Douai. Ils sont coiffés d'un
bérêt, sans casque, frais et joyeux comme en promenade.
Quel contraste avec les Américains de l'aube!, le charroi
descend le boulevard par la chaussée centrale, roulant sur des
pétales de fleurs comme aux processions. Sur les camions, les
jeeps, sur tout ce qui roule, est écrit à la craie ce que
j'appelle le journal de voyage. On peut y lire, par exemple " Douai 2
septembre ", " Lens 1 septembre " etc etc. Nous écrivons
à notre tour
" Tournai 3 septembre ".
Sur les allées latérales, il ya un fragile
camion Renault, pris aux Allemands, dans lequel quelques dizaines de
prisonniers allemands jettent leurs casques, ceinturons, tout leur
pauvre barda. Des hommes ayant revêtu un viel uniforme de
l'armée belge les enferment dans la prison d'Alfred. Parmi eux,
deux misérables Belges de la SS Wallonie qui n'en mênent
pas large.
Une pauvre fille, crâne rasé et peint de
croix gammées rouges, trône dans un camion
gazogène, debout les bras levés, visiblement à
bout de forces. Dénonciatrice ou simple collaboratrice
horizontale ?. Personne ne sait.
Horreur, voici que l'on verse du charbon de bois dans la
chaudière tout en l'obligeant à pencher la tête
dans l'ouverture !. Bien sûr je ne juge personne, comment savoir ......
Des hommes armés emmènent un kolabo,
mais liées dans le dos, vers son triste sort. Sa femme
éplorée les suit en jurant que son mari est innocent, que
c'est une erreur judiciaire. Adieu pour elle et lui au confort de
l'occupation !. Ce beau dimanche s'achève dans le bonheur de la
paix retrouvée. Pour moi la guerre est finie.
Lundi 4 septembre, j'ai aujourd' hui quinze ans. La vie
m'a fait un beau cadeau d'anniversaire en m'apportant la fin de
l'occupation.
Je cours à la grand place acheter chez Duhaubois un assimil "
l'anglais sans peine " qui va me permettre d'apprendre vite et avant
l'école la langue de nos libérateurs. Que vois-je au pied
de l'église Saint Quentin, un bureau de recrutement de
l'armée blanche!.
Des hommes y font la queue pour s'engager. On leur donne une belle
combinaison en toile à sac, ainsi les voilà combattants
de la vingt-cinquième heure, prêt à poursuivre la
Wehrmacht, déjà bien loin à l'Est du pays !.
Je pensais " la tragedie est finie, la comédie
peut commencer ". J'avoue que mon jugement était injuste, car
beaucoup de ces engagés ont réellement combattu, on les a
retrouvés peu après sous l'uniforme américain,
présents à Bastogne, à la traversée du Rhin,
à l'occupation de l'Allemagne vaincue aussi grâce à eux.
1944, Cocasse.
Le
lundi 4 Septembre 1944, un
Piper Cup de l'armée Américaine se pose sur la
plaine des manoeuvres, les
2 pilotes en descendent , vont au café sur le coin
du
carrefour, au Bavaro St Martin puis décollent rapidement.
1945, le Libérator à Froyennes.
Janvier
1945, dans la neige un
Liberator se pose en panne à Froyennes à peu
près la
où est
l'autoroute maintenant.
Les Américains ont
demonté les
instruments de bords et les moteurs, il y resta plusieurs
mois, ensuite il fut ferraillé par un garagiste local, probablement Mr
Vandepeute.
1945, le B-17 à Kain.
Le 28 janvier 1945, j’habitais dans le haut de la rue des Augustins, face au collège de Jésuites.
Entendant le bruit fracassant d’un avion à basse
altitude, je me précipite dans la rue et j’aperçois
au-dessus de ce qui est aujourd’hui l’immeuble des archives
de l’Etat, semblant raser le toit, à vue de nez
guère plus haut qu’une bonne centaine de mètres, un
magnifique bombardier quadrimoteur en détresse ; il s’en
échappe un homme dont le parachute s’ouvre
immédiatement. Un autre parachute, sans parachutiste, flotte
mollement à côté. L’avion prend la
direction des quais.
Le vent est assez fort : je cours en suivant le parachutiste.
J’arrive ainsi sur la plaine des manœuvres ( il
n’y avait à cette époque-là ni maison de la
culture ni hall des sports). A côté de moi court un soldat
anglais ayant empoigné son fusil. Je lui demande : «
Pourquoi une arme ? » : il me répond : « Et si
c’était un Allemand ? « . Nous courons ainsi en
suivant un sentier qui donne accès à la rue de la
Prévoyance : terminus au coin des rue de la Culture et rue
Aimable Dutrieux. L’aviateur américain est là,
hébété, pétrifié, collé le
dos au mur, l’air absent, mâchant son chewing-gum.Le Town
Major anglais (commandant de place) vient le réconforter et
l’emmène à sa résidence Place de Lille
.
L'avion s'écrasa à Kain, je me rend
sur place un peu plus tard et
vois les débris de l'avion répartit un peu
partout
derrière l'église,
Je me souviens avoir vu au
sol des
boites d'eau.
Quelques infos via ce lien info
Le faubourg de Lille.
Ecolier de la porte de Lille ( de nos jours Avenue de Gaulle ),
mon enfance citadine a souvent arpenté le faubourg de Lille,
où résidaient mes condisciples.
Français et Anglais ayant eu la malencontreuse
idée de déclarer la guerre à l'Allemagne, les
Anglais sont venus à nos frontières dans le but
d'épauler l'armée belge. Ils attendaient l'heure H, de
septembre 1939 à mai 1940.
Le petit André Levau, sept ans, collectionneur de
miniatures guerrières aurait bien voulu les voir grandeur
nature. Son papa l'a emmené à Hertain. De l'autre
côté de la barrière, à Baisieux il a pu admirer le
matériel peinturluré en camoufflage brun-vert, les
camions et camionnettes aux formes anguleuses, solides motos Norton,
chenillettes porte fusils mitraillieurs, soldats sympatiques,
accueillants,
coiffés de bonnets de police ou de casques plats. Il en est revenu avec des étoiles plein les yeux.
Le 10 mai 1940, les Allemands ayant envahi la Belgique,
les troupes qui piaffaient à Baisieux sont venues à notre
secours. Au pied du monument Noté, un policier Anglais,
ganté de blanc jusqu'au coude invitait le charroi à
descendre le boulevard Léopold. Je revois, dans les camions ces
soldats joyeux, chantant, accompagnés d'un accordéoniste,
ils avaient bu pour aller au casse pipe !!
Quand nous sommes revenus d'évacuation, en juin, le
policier Anglais était toujours à la même place, au
pied du monument Noté,
ses beaux gants blancs marquant l'emplacement de sa tombe.
J'ai déjà décrit le fier
matériel allemand en route vers Lille. Le camouflage
était gris pierre, jusqu'à ce qu'en 1943 j'ai vu le
matériel allemand camouflé à l'anglaise. Il y
avait de quoi rêver à un cortège de
libération anticipé!!
C'est en vain que nous avons imaginé des
liberateurs venant de notre chaussée de Lille. Les Anglais sont
venus de Douai, c'est pourquoi le début de la chaussée de Douai s'appelle Avenue Montgomery.
Le bouquet final, en mai 1945 un cortège joyeux s'engageait dans
ma chaussée de Lille. De gros camions américains
rapatriant des prisonniers de guerre Français revenus directement
de leur Stalag. Ils brandissaient d'énormes drapeaux bleu
blanc rouge.
Tous nous posaient la même question : " c'est
encore loin la France? " à quoi nous répondions " dix
petites minutes ", il s'en suivait des fracassantes Marseillaises !!
Et ensuite ?
De
nos jours ( en 2022 ) on parle de la guerre 1939-1945, pour moi elle a
commencé le 10 mai 1940 et s'est achevée à l'aube
du 3 septembre 1944 quand les Américains ont investi la ville.
Je comptais donc ne pas pourvuivre ce journal. Il y avait pourtant
encore beaucoup à dire.
Etude de l'anglais: une heure chaque jour et exercice
pratique avec nos sympathiques occupants. Au bout de 3 mois je pouvais
fièrement porter à mon col la petite étoile
blanche signifiant: " Je parle Anglais " alors qu'à
l'école on se contentait d'un b a ba enfantin.
Il y avait au collège une troupe Anglaise
formée de soldats juifs. Leur blouson portait l'inscription "
Jewish Brigade Troup ".
Leurs domestiques étaient des prisonniers allemands. Un jeune
soldat rudoyait un vieil Allemand qui me semblait
exténué.
Je me permets d'apostropher le Juif en lui faisant remarquer
qu'il exagère. A quoi me répond le Juif que ce
boche était vivant, alors que toute sa famille avait
été assassinée par les Allemands; me citant son
père, sa mère, ses grands parents, ses oncles et tantes,
ses cousins et cousines.... je pensais qu'il exagérait, Il
disait pourtant vrai. On ne savait à l'époque ( automne
44 ) rien de l'horreur des camps d'extermination découverts pour
nous début 1945.
Grandiose
J'ai vu passer à l'automne 44, volant du Sud
vers le Nord, des bimoteurs Dakota ( c47 ) remorquant des planeurs de
l'opération " Market Garden ", tentative hasardeuse d'atteindre
l'Allemagne en traversant la Hollande.
Les V1 et V2
Fin 44, début
45, j'ai vu et entendu dans le ciel nocturne un V1 volant à
basse altitude, d'Est en Ouest, le bruit semblait une
pétarade de mobylette et il crachait à l'arrière
une gerbe d'étincelles. Il n'y avait aucun danger pour nous car
le réservoir de carburant étant à l'avant ,
uniquement quand le bruit cessait on savait que l'engin se
mettait en piqué.
Le V2
était bien plus redoutable, supersonique, on ne l'entendait
pas venir. Il y avait d'abord une explosion ( l'impact ) suivie
du bruit de l'engin en vol et de l'écho de l'impact. Il en est
tombé 1 au cimetière de Marquain.
Le retour des prisonniers
Après le 8 mai 45, il y a eu le retour des prisonniers de
guerre, des déportés du STO, des rares survivants des
camps de concentration. On dit qu'il s'y mêlait parfois des
traîtres déguisés; ils étaient facilement
démasqués et punis en conséquence.
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1909@1910
Souvenir
du père de René.
Concours
d'aviation sur la plaine des manoeuvres de Tournai, Les hangars
étaient situés là où se
trouve
l'école
hôtelière maintenant.
1942
Souvenir
d'André Levau de Tournai
.
René a
également vu cet avion, il m'a communiqué ces
infos.
.
Récit et dessin
d'André Levau
.
Dans
la journée du mardi 06 janvier 1942, suite au mauvais temps, un
avion allemand, un chasseur Me BF 109, se rendant de Paris
à Wevelgem se posa en catastrophe sur la plaine
des
manoeuvres.
L'appareil
brisa son train d'atterrissage et s'arrêta à peine
à une centaine de mètres de la Chaussée de Lille, face
à la maison Carbonnelle, auourd'hui Ecole Solaire .
Le
nez, légèrement enfoncé
dans le sol, la
queue en l'air à 45° environ, il resta quelques
jours sur la
plaine puis on le démonta et l'emporta sur un
camion.
Habitant
rue Blandinoise et fréquentant
l'école
communale des garcons n°3 à la chaussée
de Lille,
j'ai, à plusieurs reprises ,
été
admirer l'avion à une
distance respectable; celui-ci étant gardé.
C'était
la première fois que je voyais un avion au sol. Il
resta longtemps figé dans ma mémoire.
J'ai
conservé tout un temps un morceau de métal
en
provenance du fuselage. Je me rappelle avoir dessiné cet
avion
plusieurs fois pour le montrer à des camarades
Fiches
techniques
L'avion, un Messershmiet Me109 du 3(F) 123, il fut
gardé par l'OK Lds Btl
Le
pilote, Obergefreiter F. Radetzki fut blessé ?
Dessin
d'André
Dans la documentation des Archives Iconographiques de Tournaisis on
retrouve cette photo, en mauvais état, son commentaire est:
Photo carte, pleine des manoeuvres Tournai, mardi 6 janvier.
Messershmitt BF 109 posé sur le ventre en bordure de la
pleine des manoeuvres. L'endroit se situe actuellement vers
l'arrière de la maison de la culture.Le 06-01-1942, suite au
mauvais temps, un Me 109 F du 3° (F) 123 se rendant de Paris
à Wevelgem se pose sur la plaine des manoeuvres.
Le pilote est blessé. Son ailier se pose à Rumes.
1944
Souvenir de Francine
Le
10 mai, dans l'abri anti aérien du quartier du Maroc, pendant le
bombardement de la gare de Tournai.
1944
Souvenir de Jean
Qui
habite le quartier de la chaussée de St Amand, pendant les
bombardements Américains, dans les fours à chaux
qui
servaient d'abris,
le fermier à coté de l'IMC apportait de la paille.
Après guerre
1948
Souvenir
de René
Assiste
aux essais de largages de colis postal sur la plaine des
manoeuvres de Tournai.
1952
Souvenir
de René
A
Wez, sur le petit aérodrome, René assiste
à des baptèmes de l'air en série.
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à jour le 26/01/2022.
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