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En 2004, les scouts de
Kain ont fait des recherches et écrit un feuillet
sur ces 5 soldats .
Lors de mon
contact avec Jean-Louis qui signe l'introduction de cette parution, il
me dit que :
Avant
toute chose il est bon de préciser dans quel cadre a
été réalisé ce document, il
s'adresse
à des enfants ayant entre 7 et 11 ans et a
été
réalisé avec eux.
Il s'est mis en place dans le cadre de l'animation scout, avec un
petit nombre d'enfants qui réalisaient un " Badge
Historien ".
Nous sommes bien dans ce
cadre là dont la fonction est d'intéresser des
enfants à leur histoire locale et à l'histoire en
général.
Il n'y a
aucune prétention historique dans ce
récit .
Introduction
de Jean-Louis |
C'est
inscrit en moi: Je sais qu'il y a des Anglais dans le
cimetière de mon
village. Leurs tombes sont présentes dans ma
mémoire autant que celles
de ma famille. La promenade dans le cimetière emprunte
toujours le même
chemin, celui des souvenirs.
Souvenirs de visages, de voix mais aussi
d'images façonnées par des histoires
racontées ou des photos anciennes.
Rien d'original il me semble, c'est la promenade de chacun. Mais avant
de sortir, et ce n'est pas un détour, c'est sur ma route, je
prends un
petit passage entre les dalles et je traverse le carré des
enfants,
petites croix de fer ou de bois sans marbre. Un peu plus loin, ils sont
là, tous les cinq, alignés dans un parterre de
graviers: des croix
blanches, des noms et des insignes gravés. des dates et des
âges aussi.
Ces Anglais sont à jamais associés à une
main qui sert la mienne. Quand
j'y vais, quand je suis près d'eux, cette sensation, je la
ressens
encore aujourd'hui. C'est la main de mon papa, je m'en souviens sans
doute car, à cet endroit, il devait serrer un peu plus fort.
C'est
presque le seul souvenir d'un contact physique: plus de trace des
fessées sûrement reçues, des promenades
dans les bras ou sur les
épaules, rien que cette main qui sert la mienne à
cet endroit.
Mon
papa est mort il y a des années, il fait maintenant partie
de ma
promenade au cimetière mais, j'en suis sûr, il
m'accompagne chaque fois
chez les Anglais.
Ce travail, nous l'avons mené sur deux ans, essentiellement
parce que la récolte de documents prend du temps.
Grâce à Internet nous avons pu communiquer avec
des
interlocuteurs lointains (en Nouvelle Zélande) et obtenir
des
renseignements quasiment en temps réel.
Une grosse déception néanmoins c'est de n'avoir
pas pu
entrer en relation avec des descendants de la famille des soldats
enterrés à Kain et ainsi obtenir une photo afin
de mettre
un visage sur leur nom.
Par contre, mais vous verrez bien, nous avons découvert des
informations formidables.
Et puis, le plus chouette, c'est d'avoir eu la chance de
réaliser ce projet avec des louveteaux, des petits gamins de
dix
ans qui ont fait un saut dans un passé de plus de 60 ans et
qui
se sont passionnés.
Quel bonheur I Merci à eux ...
Bonne lecture , Jean-Louis , juin 2004.
En
fait, c'est assez simple, au
mois de Novembre, c'est laToussaint
et nous sommes
nombreux à aller dire
bonjour à ceux qui reposent
dans
le cimetière de Kain.
Dans
un coin de celui-ci, il y
a cinq tombes de soldats anglaisqui sont
morts au mois de Mai 1940.
Les
tombes portent des noms
et des prénoms, certains
étaient très jeunes quand ils
ont été tués (l'un avait à
peine 17 ans).
Ceux que nous aimons et dont la piste s'est
arrêtée, nous
savons où ils sont, quand nous avons un petit moment de
blues,
nous pouvons venir parler avec eux, dire un petit bonjour.
Mais ces soldats, loin de chez eux, qui s'en souvient ? Pourquoi
sont-ils là ? Qui sont-ils ?
Avant d'être recouverts par de la terre, c'étaient
des hommes qui parlaient et vivaient comme nous.
En parlant ensemble, nous nous sommes dit que ce serait chouette de se
renseigner, d'écrire un peu leur histoire et de lancer une
recherche pour essayer de les connaître.
La guerre est quelque chose de terrible, nous oublions que chaque
personne tuée est un être humain qui a une
famille, qui a
eu ses joies, ses peines, qui a vécu plein de choses. Un
jour, au
détour d'un chemin, derrière un buisson ou sur le
bord
d'un fleuve, parfois dans un pays que l'on ne connaît pas,
loin
de sa famille, tout s'arrête.
Ce que nous désirons est assez simple: quand nous passerons
près de ces soldats au mois de novembre ou à un
autre
moment,
ils seront un peu de notre famille, ils seront importants et alors nous
ne regarderons plus les guerres et les massacres comme un film au
cinéma...
Bonne
lecture à toutes et à tous, Aurélien,
Hadrien,
Gilles, Maxime, Rémi, Fabien, Edwin et Jean-Hugues
Les renseignements officiels |
Tombe N°1 : Francis Albert Gabriel Joseph De LABOUCHERE-SPARLING
1. Renseignements officiels transmis par :
COMMONWEALTH WAR GRAVES COMMISSION
Northern Europe Area
ELVERDINGSESTRAAT, 82
89OO IEPER BELGIUM
Francis Albert Gabriel Joseph De LABOUCHERE-SPARLING, 41990.
Unité
dans laquelle servait ce soldat : 75° Squadron, Royal Air Force,
pilote à la 75° Escadrille de la Royal Air Force.
Grade ou fonction: Officier pilote.
Age: 20 Ans.
Date de sa mort: 21 mai 1940.
Informations
complémentaires: Fils de Francis De Labouchere-Sparling et de
Alice De Labouchere-Sparling (Née Pollet).
Photo de la tombe
Détails de l'insigne sur la tombe
Clic
sur l'image pour agrandir
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En bas de la pierre tombale, on peut lire ceci :
On peut traduire par: Pour les gens que j'aime, je donnerais volontiers ma vie.
2. Renseignements officiels transmis par :
Royal Air Force
Air Historical Branch (RAF)
Ministry of Defence
Room G1, Buiding 266, RAF Bentley Priory,Tanmore, Middlesex
HA7 3HH
- L'officier pilote De LABOUCHERE-SPARLING
était affecté à la 75° Escadrille de la
Royal Air Force. Les pilotes et soldats qui servaient dans cette
escadrille étaient d'origine Néo-Zélandaise.
- De LABOUCHERE-SPARLING pilotait le bombardier WELLINGTON N° R3157
- Equipage de ce bombardier :
> Premier pilote : J.N.Collins de la Royale New-Zealand Air Force ( NZ 2513 F/O )
> Second pilote : De LABOUCHERE-SPARLING
> Opérateur radio et mitrailleur : J.S. BROOKS ( 62215 W/O )
> Navigateur : G. THORPE ( 523426 W/O )
> Mitrailleur arrière : R. HOKEY ( 76011 P/O LP )
- Historique de la mission :
> Le Wellington N° R3157 quitte avec 6 autres
avions le terrain de Thetford, Norfolk, le 21 mai 1940 pour aller
bombarder les
troupes allemandes à Dinant en Belgique.
> Arrivé au dessus de Tournai et volant
à environ 700 mètres, il est touché par les canons
antiaériens allemands
> L'avion prend immédiatement feu,
l'équipage doit s'en extraire sous un feu intense de
mitrailleuses et sauter en parachute
au-dessus des lignes allemandes.
> Les deux pilotes sont tués, l'avion
s'écrase au sol. Lors du crash, tout est carbonisé. On ne
retrouvera rien du premier pilote J.N.
Collins resté à l'intérieur, le
second pilote De Labouchere-Sparling a été tué en
évacuant l'avion en parachute.
> Les trois autres membres de l'équipage sont faits prisonniers par les allemands.
Certaines des informations ci-dessus sont contredites par d'autres
versions, non officielles, notamment pour le pilote J.S. COLLINS .
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Tombe N°2 : Jack NOCK
1. Renseignements officiels transmis par :
COMMONWEALTH WAR GRAVES COMMISSION
Northern Europe Area
ELVERDINGSESTRAAT, 82
89OO IEPER BELGIUM
Jack NOCK , 4034584
Unité dans laquelle servait ce soldat: 1st Bn King's Shroshire Light Infantry Fantassin au 1er bataillon d'infanterie légère
Grade ou fonction: Soldat ( Private )
Age: 21 ans
Date de sa mort: 20 mai 1940
Photo
de la tombe
Détails de l'insigne sur la tombe
Clic
sur l'image pour agrandir
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2. Renseignements complémentaires par :
Ces renseignements viennent de documents divers racontant la bataille de I'Escaut .
Nous avons très peu de renseignements sur le soldat lui
même, quant à son unité, les choses sont un peu plus
précises.
Jack NOCK a été tué lors de la bataille de
I'Escaut. Dans la nuit du 19 au 20 mai, les Allemands ont réussi
à traverser I'Escaut à hauteur de Ramegnies-Chin en
utilisant un bateau abandonné mis en travers du fleuve.
Venant de I'arrière du village, le 6èm Bataillon d'Infanterie
lance une contre-attaque et parvient à retraverser I'Escaut .
C'est sans doute lors de ces combats que le Soldat Jack NOCK a perdu la vie.
3. Son régiment :
Ci-dessous, l'insigne complet du régiment dont est issu le soldat Jack Nock
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Tombe N°3 : Percival Frederick ELMS
1. Renseignements officiels transmis par :
COMMONWEALTH WAR GRAVES COMMISSION
Northern Europe Area
ELVERDINGSESTRAAT, 82
89OO IEPER BELGIUM
Percival Frederick ELMS T / 74076
Unité dans laquelle servait ce soldat: Royal Army Service Corps attd.4 A.A Bde Royal Artillery
Corps
détaché auprès du 4° Bataillon d'artillerie
antiaérienne de I'Artillerie Royale
Conducteur de véhicule du Royal Service.
Grade ou fonction: Conducteur
Age: 25 ans
Date de sa mort: 16 mai 1940
Photo
de la tombe
Détails de l'insigne sur la tombe
Clic
sur l'image pour agrandir
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2. Renseignemenls officiels transmis par:
The Royal Army Service Corps & Royal Corps of
Transport Association
Dettingen House, The Princess Royal Barracks
Deepcut, Camberley, Surrey
GU16 6R W
Nous avons eu les informations suivantes:
> Percival Frederick ELMS était conducteur de camion
Il était détaché auprès du 4èm
Bataillon d'Artillerie Antiaérienne et tractait un canon
antiaérien.
> Les circonstances de sa mort sont méconnues ainsi d'ailleurs que celles des deux artilleurs
qui sont enterrés dans le cimetière et ont
été tués le même jour que lui. Il est
probable que
ce soit dans les mêmes circonstances.
> Nous avons reçu la photocopie d'un extrait d'une liste qui reprend le nom des soldats de ce corps qui ont
été tués pendant la seconde guerre mondiale.
Pour se faire une idée, cette photocopie ne prend en compte que les noms par ordre
alphabétique entre Elliot R. et Farrer H.E. et il y en a 166... Gilles en recevant le
document a été marqué par le nombre de soldats tués qui portent le nom d'Evans: 48
> Dans le document joint par la personne s'occupant des archives du Royal Service Corps,
nous apprenons qu'à partir du 15 mai les unités de transport préparent la bataille de
I'Escaut. Elles quittent leurs positions sur la Dendre et la rivière Senne. Elles commencent
à se replier vers I'Escaut afin d'être prêtes à recevoir les Allemands vers le 19 mai.
> Lors de ce replis il y eut de nombreuses attaques de I'aviation allemande qui disposait de
la supériorité aérienne. Il est probable que c'est lors d'une de ces attaques que le
conducteur du camion et les deux artilleurs ont été tués.
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Tombe N°4 : James MURPHY
1. Renseignements officiels transmis par :
COMMONWEALTH WAR GRAVES COMMISSION
Northern Europe Area
ELVERDINGSESTRAAT" 82
89OO IEPER BELGILJM
James MURPHY, 1438889
Unité dans laquelle servait ce soldat: 1Lt. Bty., 6 A.A. Regt;
Royal Artillery, 1° batterie légère du 6°
Régiment d'artillerie
antiaérienne de l'Artillerie Royale
Grade ou fonction: Canonnier
Age : 17 ans
Date de sa mort: 16 Mai 1940
Informations complémentaires : Fils de Nicholas et Cathrine Murphy, de Arrklow, République lrlandaise
Photo
de la tombe
Détails de l'insigne sur la tombe
Clic
sur l'image pour agrandir
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2. Renseignements complémentaires et autres renseignements (voir James CHRISTIE )
Les deux artilleurs servaient dans la même batterie et étaient probablement amis, les
renseignements sont les mêmes. Il est probable mais pas certain que Percival Frederick
ELMS le conducteur du camion ait été tué dans la même attaque .
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Tombe N°5 : Williams James CHRISTIE
1. Renseignements officiels transmis par :
COMMONWEALTH WAR GRAVES COMMISSION
Northern Europe Area
ELVERDINGSESTRAAT, 82
89OO TEPER BELGIUM
WiIIiam James CHRISTIE 1426879
Unité dans laquelle servait ce soldat: 1Lt. Bty., 6 A.A. Regt;
Royal Artillery, 1er Batterie légère du 6°
Régiment d'artillerie
antiaérienne de I'Artillerie Royale
Grade ou fonction: Canonnier
Age: 20 ans
Date de sa mort: 16 Mai 1940
Photo
de la tombe
Détails de l'insigne sur la tombe
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2. Renseignements complémentaires par :
The Royal Artillery Museum
Old Laboratory Office
Royal Arsenal (West)
Warren Lane. Woolwich
London SEI 8 65T
> Les deux artilleurs servaient dans la même batterie et étaient probablement amis, les renseignements sont les mêmes.
ll est probable mais pas certain que Percival Frederick ELMS le conducteur du camion ait été tué dans la même attaque.
> Il servaient un canon antiaérien de 3,7 inch (pouce).
> Vers
le 10 Mai cette batterie antiaérienne s'est installée
à Arras pour défendre les abords de la ville
> Par
la suite des mouvements ont été opérés pas
les différentes unités mais toutes les
informations ont été perdues lors du
ré embarquement
du corps expéditionnaire à Dunkerque.
Nous ne pouvons donc pas obtenir d'informations par la voie des documents officiels laissés généralement par les différents régiments .
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Ce qui s'est déroulé à Kain il y a plus de 60 ans a du se passer dans des centaines et des centaines de villages de Belgique et de France.
Il n'y a rien d'exceptionnel dans les combats qui se sont déroulés chez nous, il n'y a rien de particulier à ce qu'ont vécu ces soldats...
Rien que la guerre ordinaire...
C'est I'anonymat des ces morts, c'est I'oubli dans un pays lointain, c'est une des tombes sans même un nom...
C'est cela que nous voulons gommer.
Il y a dans les cimetières de Kain et de Froyennes des hommes qui continueront à exister tant que quelques uns se souviendront, c'est dans ce but que nous avons réalisé ce document.
Le village de Kain a son histoire et mai 1940 n'est qu'une pointe dans la ligne du temps.
Il y a donc encore des centaines d'autres projets à réaliser, des centaines de pistes à suivre et d'enquêtes à mener.
Au travail...
Jean-Hugues
Hadrien
Gilles
Maxime
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Ici
ce termine cette 1° partie , la suite est à venir , merci
encore à Jean-Louis et aux scouts pour ce travail
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