A la mémoire de Coinne Amédée
Né
à Tournai le 20 août 1897, fusillé le 5 avril
1944 à la citadelle d’Arras, résistant.
Via ce lien, un article très bien fait à son sujet: https://maitron.fr/spip.php?article168429
Amédée Coinne (1897-1944)
Né en août 1897. Epoux de Valentine Foulon, lorsque la
seconde guerre éclate, le couple demeure au n°94 de la
chaussée de Roubaix à Tournai.
Jusqu’en 1939, Amédée Coinne, militaire de
carrière, sera fourrier au 3e Chasseur (sous-officier
chargé du cantonnement des troupes et du couchage, de la
distribution des vivres et des vêtements). Lors du
dédoublement du bataillon, il fut affecté au 6e Chasseur,
avec lequel il participa à la campagne des 18 jours.
Revenu à Tournai, au début de l’année 1941,
il mit aussitôt sa maison de la chaussée de Roubaix
à la disposition de la « Phalange belge »,
groupe de résistants assermentés fondé en octobre
1940. Ce groupe fusionnera en 1941 avec la « Légion
belge » qui deviendra par la suite
« l’Armée secrète ». Au sein
de ce groupe, Amédée Coinne commence par la distribution
de la presse clandestine. Sous le pseudonyme de
« Médée », il stigmatise ceux qui
sont entrés en collaboration avec l’ennemi. Il distribue
également « la Libre Belgique » et
« le Vigilant ». Il se spécialise dans les
petits sabotages en semant notamment des clous sur le parcours des
camions allemands, retardant ainsi quelque peu leur avancée. Il
posait également de nombreux petits gestes qui empoisonnaient le
bon déroulement des opérations programmées par
l’occupant. Son dévouement à la cause de la
résistance le fera repérer par l’Intelligence
Service qui le recrutera en qualité d’agent du Service de
Renseignements et d’Action (le S.R.A) dont il sera agent de
liaison entre la région de Tournai et le
Nord/Pas-de-Calais.
En 1942, les Allemands imposent le S.T.O (Service de Travail
Obligatoire), celui-ci sera installé dans un immeuble de la rue
Duquesnoy. Amédée parvient à y recruter deux
employées et, en quelques mois, 400 dossiers vont être
falsifiés. Le réseau aura connaissance des lettres
anonymes de dénonciation, ce qui permettra d’exfiltrer les
personnes menacées. A cette époque, le résistant
n’attire pas encore l’attention des Allemands. A leurs
yeux, Amédée Coinne n’est qu’un simple
employé du Secours d’Hiver dont les magasins aident
les plus démunis en leur fournissant vêtements, vivres et
charbon. Cette organisation ayant été créée
avec l’accord de l’occupant certaines personnes y voient un
repère de collaborateurs. Pas au courant de ce qui s’y
faisait réellement, on entend certains dire :
« Secours d’Hiver, Secours
d’Hitler ». Ceux qui propageaient de telles
allégations ignorent qu’il sert également de
couverture pour des résistants. En décembre,
Amédée Coinne est recruté par le service Mil et
son habitation va servir de refuge aux réfractaires au travail
et sera également un lieu de contact avec Radio Londres.
Amédée Coinne va être averti que l’occupant
est à la recherche d’un certain Médée,
il décide donc de ne plus rester à son domicile de la
chaussée de Roubaix. Valentine, son épouse, restera
seule. Un code établi préalablement à son
départ va lui permette de lui rendre visite de temps à
autres. Un carton placé à la fenêtre lui
prévient qu’il n’y a aucun danger. Le 13
février 1944, il est présent à son domicile pour
fêter leur anniversaire de mariage. On sonne à la
porte : c’est la Gestapo et des membres de la G.S.P.
(Geheime Feldpolizei). Amédée veut fuir par
l’arrière de la maison mais il y est attendu par des
hommes qui y avaient été postés. Il a
été dénoncé par une femme travaillant
à la Kommandantur et à la Werbestelle. Valentine ne le
reverra plus.
Il est emmené à Arras au « Grand Hôtel
du Commerce », quartier général de la
Gestapo ; interrogé, il refusera de donner les noms des
membres du réseau. Lors d’une tentative
d’évasion, il sera grièvement blessé
à la tête et le 18 mars 1944, il est abattu avec onze
autres résistants. Il sera enterré dans une fosse commune
sans que son nom ne soit transcrit dans les sinistres registres
allemands.
La guerre terminée, sa famille se mettra à sa recherche.
A Arras, d’anciens geôliers affirmèrent qu’il
avait fait partie d’un convoi parti vers l’Allemagne en
août 1944. Un ancien prisonnier dit l’avoir
rencontré au camp de Belsen en septembre 1944. Tout cela redonne
de l’espoir à la famille tournaisienne. Hélas, en
1950, on procède à l’exhumation de onze corps dans
les fossés de la citadelle d’Arras. Le 18 octobre,
l’étude du squelette, de la dentition, de la veste et de
sa chevelure ondulée, ne laisse aucun doute sur
l’identité du défunt. Le 21 octobre 1950, son corps
est rapatrié dans sa ville natale et des funérailles
nationales sont organisées le lendemain. Amédée
Coinne avait 47 ans lorsqu’il a été fauché
par la barbarie d’un régime qui fut, heureusement, vaincu.
On trouve son nom au mur des Fusillés à Arras sur cette plaque.
On
trouve également son nom sur le monument aux morts de Tournai,
sur la plaque des prisonniers politiques, plaque latéralle
coté boulevard.
Au cimetiére du Sud, dans la parcelle des Héros, une tombe porte son nom.
Infos et textes publiés avec l'accord de Serge Tranchant, merci pour son partage.
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